La danse des korrigans

Il y a très longtemps vivaient une fermière et un fermier. Ils habitaient un petit village du Finistère appelé Kermoguer. Leur ferme était bien connue du voisinage de part la sympathie des maîtres de maison. Ceux-ci avaient l’habitude de donner des petites fêtes chez eux pour certaines occasions dont la plus connue fête de la musique. Aussi, personne n’ignorait l’existence d’Al Leukêr.

Un jour, alors qu’ils finissaient les préparatifs de leur petite fête, la fermière entendit un bruit près du poulailler. Intriguée, celle-ci approcha doucement et quelle ne fût pas sa surprise lorsqu’elle vit un petit être pas plus grand qu’une chaussure la fixer. Ce dernier lui fit signe d’approcher et lui dit : « Est-il bien vrai que demain sera célébrée la fête de la musique chez vous ? »

La fermière hocha la tête sans répondre, trop étonnée pour réagir autrement.

« Dans ce cas, continua-t-il, invitez nous à la place des villageois et vous ne serez pas déçus. »

Sachant bien qu’on ne doit pas contrarier un korrigan, la fermière accepta et le lutin disparut en lui lançant :

« Nous serons là à la tombée de la nuit ! »

Suite à cette rencontre assez particulière, la fermière conta son aventure au fermier et ensemble, ils dissuadèrent leurs invités de venir, prétextant une maladie contagieuse.

Le lendemain soir, tout était prêt : crêpes, cidre, kir, kouign-amann, instruments de musique, tables et chaises. Aux alentours de 23 heures, ils entendirent le bruit d’un violon accompagné de chants. Très vite, ils aperçurent une dizaine de korrigans riants et chantants. Ca y est, ils étaient là !

Serviables, les fermiers les accueillirent et ils passèrent tous une excellente soirée.

Lorsque l’aube pointa le bout de sons nez, les korrigans se regroupèrent en cercle en chuchotant. Quelques minutes plus tard, un korrigan s’avança vers eux et leur dit :

« Nous ne nous étions jamais autant amusés. Aussi, nous voulons vous remercier. »

Celui-ci claqua du doigt et fit apparaître un âne et un agneau.

« Comme ça, continua celui-ci, vous n’aurez plus à porter des choses lourdes, l’âne le fera. Et l’agneau est le nôtre, soignez-le bien jusqu’à l’année prochaine et vous aurez tout l’or que vous voulez. En attendant, tenez. »

Sur ces mots, il leur lança trois sacs remplis d’or et de bijoux.

Grâce aux dons des korrigans, les fermiers purent agrandir leur ferme et faire réparer le toit de la grange qui avait été arraché par une tempête. Ils les revirent plusieurs fois, en très bons termes. Ils s’entendaient si bien avec eux que les korrigans leur laissèrent l’agneau en signe d’amitié, ainsi que la moitié de leur trésor.

En hommage à cette rencontre, les fermiers nommèrent leur âne Jabadao, comme la danse préférée des korrigans.

Louise, juin 2024.

Le dessin de Julie